Il me souriait.
Etre père de famille ce n'est pas tous les jours des fraises à la crème fraîche, quant à être mère de famille rien que d'y penser, je souffre.
(l'autre jour, c'est à dire l'autre jour, sur le blog d'un copiblogateur qui se reconnaîtra et commentera si ça lui sied, j'abondais dans son sens sur un sujet qui nous est cher... même qu'il me suggérait d'en faire un billet ici même)
Jamais je n'ai reçu de gifle, pas de martinet à la maison, je ne me souviens pas que l'on m'ait privé de dessert ou menacé de me mettre à la cave avec ou sans lumière... Dire que j'ai vécu une enfance heureuse est la moindre des choses.
Maman n'était pas salariée dans une boite quelconque, elle tenait la maison, nous élevait et elle aidait dans son commerce Yvonne, sa soeur, mais sans jour fixe de travail sans vraiment d'horaires, elle n'était pas déclarée... du black, Yvonne était généreuse au magasin où j'étais souvent, où j'ai beaucoup appris l'ambiance était très gaie et dynamique, ça bossait avec les vendeuses mais tout était prétexte à rire.
Avec Papa c'était différent... lui c'était l'usine et les horaires fixes, le commerce ce n'était pas du tout son truc, du tout ! Lorsqu'il venait au magasin et c'était fréquent, il le traversait en coup de vent et montait rapidement à l'appartement juste au-dessus.
René et Lucienne formaient un couple uni j'en suis convaincu, j'ai le souvenir de quelques moments de tension entre mes parents mais c'était rare et trés vite mon père revenait embrasser ma mère le premier et pfffttttt, c'était fini.
J'ai quitté la maison familiale à 20 ans et je les ai regardés vieillir d'un peu plus loin et puis de beaucoup plus loin. Ma petite soeur toute bleue et moi-même avons été voisins ici dans le Sud-Ouest âgés, nos parents nous ont demandé si ça nous dérangeait qu'ils viennent vieillir près de nous... ce qui nous a rendu un fier service, deux mois plus tard il étaient installés dans notre ville et tout c'est bien passé.
Et puis la saloperie de crabe s'en est mêlé, Lucienne est partie rapidement, en même temps que Yvonne ainsi que son mari avec qui j'étais très proche, tous les trois en moins de quatre mois. Papa a été secoué, mais vraiment secoué, il a d'ailleurs fait un bref séjour en hôpital psychiatrique... largué total le René, KO debout.
Je me suis beaucoup occupé de mon père, son deuil nous a vachement rapprochés... je l'emmenais en tournée parfois, je lui ai fait découvrir Toulouse, le Pays Basque, nous avons fait des journées de voiture ensemble on mangeait au restaurant, on partageait la chambre le soir... qu'est-ce qu'on a ri !
Voilà c'est ça, l'image de mon père c'est son humour féroce, sa grande capacité à l'autodérision, son goût de l'absurde, rien à battre du ridicule on se marrait tout y était prétexte... de grands moments, de très grands moments, gamin j'étais fier de ses muscles de ses plaisanteries, de ses jeux de mots... quand on s'est retrouvés tous les deux j'avoue que ça a été cocasse et nous avons eu bien raison d'en profiter.
Et puis il y a eu les confidences... il a vécu veuf huit ans, huit ans en forme, je lui ai connu deux copines "...si ta mère me voyait..." moi, je le rassurais, le déculpabilisais... t'inquiète.
Et puis il est parti lui aussi assez rapidement... son coeur à lâché et je crois bien qu'il était fatigué à la fin, il en avait marre.
Maman c'était un océan de tendresse et puis c'était Maman. Je dois reconnaître que plus le temps avance plus je vieillis et plus je pense à René mon père, d'abord un chouette type avec les autres et puis tous ses souvenirs ensemble, ses grandes embrassades, quand il me regardait bien droit dans les yeux, qu'il me souriait.
Oh la la, j'en ai les larmes aux yeux de toute cette tendresse, cet amour, ces rires, cette vie si pleine de vie. Je suis émue, touchée, des souvenirs de vos parents, de vos oncle et tante. Je trouve vraiment chouette que vous ayez vécu de beaux moments avec votre père après la mort de votre mère, votre oncle et votre tante.
RépondreSupprimerL'anonyme au-dessus est Chantal
RépondreSupprimerMerci à toi de noter tes émotions ressenties à la lecture de mon petit billet, Chantal.
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Ben v'là, j'ai la gorge serrée....
RépondreSupprimerMême parcours , parents géniaux, papa René, maman Adrienne .....
Tenir la main pour rassurer ...
Tenir la main pour leur dire je suis là...
Tenir ....pour laisser penser que ça va aller
Et leur petite flamme s'est éteinte et un peu de la mienne aussi
J'ai écrit ce billet très facilement Cinabre d'un jet, je l'ai posté et puis je me suis relu et en effet j'ai eu la gorge serrée à ce moment... Nous sommes quelques amateurs de blogs à avoir eu un père du prénom de René, alors une stat' vite fait... le René était un gentil !
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Très beau et plein d'émotion, merci pour ce partage Bleck. Sacrées belles fondations qui ont fait de toi l'homme que tu es.
RépondreSupprimerJ'ai toujours eu conscience de ma chance Hermione, en effet, je crois que ça aide...
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L'amour de tes parents est toujours là ! Les miens avaient beaucoup de points communs avec les tiens. C'est si bon d'en parler. Merci pour le partage.
RépondreSupprimerJe crois qu'il est toujours utile de parler de ses sentiments, Brigou, en effet.
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Merci M'sieur Bleck pour ce joli partage... Que de tendre ! Lysa
RépondreSupprimerLorsque c'est bon il n'est pas mauvais de partager...
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Pas vraiment vécu ça mais comme dit Tonton David
RépondreSupprimerChacun sa route, chacun son chemin
Chacun son rêve, chacun son destin
Et merci pour ce beau billet.
Mme Chapeau
A chacun ses références Madame Chapeau, l'essentiel n'est-il pas de se débrouiller avec ce qu'il nous a été proposé...
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Mon père était moins aimable, au sens propre comme au sens figuré, n'empêche, je le pleure encore. C'est un beau billet, merci, et merci aussi d'avoir partagé ça avec nous !
RépondreSupprimerC'est vrai aussi Acanthe, ça ne doit pas être évident, reste à savoir pour quelle raison il en a été ainsi...
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Merci.
RépondreSupprimerMais c'est moi qui te remercie Camarade !! enfin, on se remercie mutuellement quoi...
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Il faut profiter de ses parents tant qu'ils sont encore en vie, après, c'est trop tard. Et de beaux souvenirs comme les tiens qalent tellement mieux que des regrets!
RépondreSupprimerExactement Bismarck... savoir saisir les instants, les êtres qui nous entourent pendant qu'il est encore temps...
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Le cadre était plus rigide chez moi et l'enracinement moins profond parce que le chantier paternel terminé, il fallait faire ses bagages pour le suivant, mais entre le blues des départs, et les aléas de la vie, il y avait de bons moments de franche rigolade dans le huis-clos familial. Par contre ils n'ont pas eu la chance de vieillir ensemble, les épreuves et la maladie en ont décidé autrement, mais cela forge les caractères ! Comme disent Mme Chapeau et Mr Kod, chacun sa route... mais merci d'avoir initié cette page d'introspection !
RépondreSupprimerC'est ça Agathe, avec ses épreuves maladies ou autre une vie humaine est loin d'être tranquille...
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Quel beau témoignage plein de tendresse et de délicatesse. Je suis contente de le lire car tu as toujours été pudique sur l'histoire de tes parents. Et ces moments partagés avec ton papa, c'est vraiment beau et ça valait le coup d'être vécu.
RépondreSupprimerCe n'est pas faux Louisianne, en général ce n'est pas la pudeur dont je souffre le plus... et oui ça a été agréable à vivre et à partager.
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Je me suis bien reconnu. merci d'avoir répondu à mon appel du pied ! Et, cerise sur le gâteau, mon père s'appelait aussi René.
RépondreSupprimerC'est assez marrant je crois que tu es le quatre ou cinquième commentateur à m'écrire que nos pères portaient le même (beau) prénom !
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Quel tendresse et amour! Je t’envie ces souvenirs....
RépondreSupprimerJe saisis tout à fait que l'évocation de ces souvenirs puissent provoquer un certain degré d'envie... merci pour ton com' Manoudanslaforêt.
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Je viens un peu en retard et ne regrette absolument pas d'être passée. Que c'est beau. Merci pour ce partage.
RépondreSupprimerNo blême Valvita, tu as bien compris que tu viens ici quand et sous la forme que tu veux. Je prends ton com' comme un compliment et t'en remercie.
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Tes beau billet :-)
RépondreSupprimerMerci Copain, et la prochaine fois j'insère une photographie.
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Merci Bleck pour ce moment d’émotion. J’en ai la chair de poule… Je pleure toujours mon père, Albert, 13 ans après. En revanche, je reste encore très en colère, contre ma mère… je ne sais pas si ça passera un jour…
RépondreSupprimerRdT
Ça passera un jour, permets-moi de te le dire, ça passera un jour.
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