Le tour de table

 Cette nuit j'ai fait un cauchemar, ça ne peut être qu'un cauchemar. Voilà huit ans et sept mois que j'ai fui le monde du salariat et j'en ai rêvé cette nuit... cauchemar !


Il est très rare que je me souvienne de mes rêves et ce matin je me suis brutalement réveillé très tôt me demandant où j'étais, le coeur battant très fort... oh 'tain non, je n'étais pas au premier étage de cet immeuble commercial dans la commune de schiltigheim... pfffeeeeeee, voilà, je reprends mes esprits... à poil assis sur le bord du lit la tête entre les mains je souris béatement, non c'est bon, je suis chez moi c'est fini, c'est fini !

Plus de huit années sont passées et il peut donc m'arriver encore de rêver de ce travail qui occupe la majorité du temps de vie d'un homme d'une femme, de ce qui a été pour moi une épreuve, un long chemin. Il y en a qui se disent passionnés par leur activité professionnelle, certains même sont incapables de décrocher, à mon sens, beaucoup s'illusionnent, quelques uns sont probablement d'authentiques passionnés, certes.

Cette nuit j'ai rêvé d'une de ces journées, rares dans l'année, une à deux fois par an. La réunion au siège. Prendre un vol à 5 heures du mat', l'accueil par le patron dès la sortie de l'avion, les 15 kms en duo dans l'Audi avec de rares banalités très banales mais ne jamais s'épancher, jamais. Rejoindre la dizaine de collègues, les faux sourires, "ça va t'a, ça va... et t'a ça va... ça va" les cafés trop longs, les pains au chocolat pas les chocolatines, s'assoir autour d'une grande table dans la pièce sans fenêtre les téléphones éteints, ce soir se coucher tard plutôt dépité... et tout ça commence par LE tour de table ce ridicule et humiliant Tour de Table.

Commentaires

  1. Je compatis ! J'imagine déjà la réunion à regarder par la fenêtre !
    Je faisais des petits dessins sur des feuilles volantes ou des cahiers à carreaux et je les montrais à mes filles. Un jour elles m'ont dit " ça fait un bail que tu t'ennuies, quand on était petites tu nous montrais le mêmes dessins ". J'avais un collègue qui faisait des caricatures du chef et nous les faisait passer, fou rire garanti !
    Bref je n'ai jamais aimé travaillé, et comme toi je suis toujours surprise par les passionnés, les surbookés. À la rigueur je comprendrais plus la passion d'un bistrotier ou d'un cuisinier, mais le travail de bureau... Pfff !
    Et les réunions... ouh la la que c'était long. Le tour de table ne me traumatisait pas trop, dans l'administration on brode, on invente, ça passe très bien.
    Je n'aimais pas qu'on me demande, hors les murs " tu fais quoi dans la vie ". Et maintenant que je ne fais plus rien pourquoi me demander " et tu faisais quoi ".
    Des petits dessins sur une feuille, mais sinon, ben rien à raconter !

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    1. Rassures-toi Louisianne au bout d'un moment on ne demande plus "...et tu faisais quoi" à partir d'un certain âge, les périodes d'activité professionnelles sont sans intérêt dans les discussions, en tout cas c'est le cas avec toutes mes connaissances.

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  2. Si par le passé, maintenant lointain (au moins 15 ans) j'ai beaucoup aimé mon boulot, aujourd'hui je ne rêve qu'au moment où je pourrais lui dire bye bye ; j'imagine même toutes les solutions pour y arriver plus tôt que prévus ;-) coté songe, il m'arrive encore de rêver que je fume, moi qui est arrêté de fumer en 2008 !

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    1. C'est exactement comme ça pour moi ou ça l'a été plus précisément Gilsoub... pendant dix, quinze ans dans une activité subalterne tu apprends quelque chose, tu t'intéresses ok mais ça va un temps quoi ! et puis ensuite tu réfléchis... non, ça ne va plus, évidemment.

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  3. Comme je n'ai jamais été à la retraite, je ne peux pas comparer, mais pour l'instant, j'ai la chance de pouvoir sincèrement dire que j'adore mon boulot à 80% (huitante, hein, pas quatre-vingt!). Le travail que je fais me donne de l'énergie, mais il est très possible que faire d'autres trucs me donne aussi de l'énergie, c'est juste que je ne sais pas encore ce que ça pourrait être comme "autres trucs."

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    1. Le Doc' lorsque tu affirmes que sincèrement, tu adores ton boulot mais, je te crois, tu peux faire partie des authentiques passionnés, bien sûr qu'il y en a.
      En ce qui me concerne je n'étais pas fait pour cette vie de travail, je m'en suis très vite aperçu alors n'étant pas du tout possesseur d'une rente, j'ai été obligé de me démerder et très franchement je m'en suis plutôt pas mal sorti sans trop me décarcasser de la vraie démerde, et certifiée sans panache, sûr !!

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  4. Rien connu de semblable dans ma vie active. Par contre, me réveiller et être contente de découvrir que ce n'était qu'un rêve, ça je connais.
    Mme Chapeau qui a de nouveau rejoint le camp des anonymes sans savoir ni comment, ni pourquoi.

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    1. Madame Chapeau ici tu n'est pas anonyme et tu le sais, tu es Madame Chapeau et tu le resteras ! N'empêche que j'aime bien voir ton avatar de temps en temps...
      Je ne suis pas surpris que tu n'aies pas vécu quelque chose de semblable à ce que je décris plus haut... c'est vrai que j'ai pas mal flirté avec le double jeu à cette époque.

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    2. Voilà, mon Gravatar est revenu. Si je n'ai pas vécu de réunion au siège, c'est parce que de telles réunions n'existaient pour moi. J'étais prof comme Bismarck et comme elle, j'ai souvent rêvé d'école. Par exemple, chaque mois d'aout, je conduisais une voiture dans la région où je vivais enfant et je n'arrivais pas à trouver l'école où j'étais censée aller enseigner. Et dès ma retraite, ce cauchemar a disparu.

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    3. Je me souvenais que tu étais prof (de mathématiques ??) Madame Chapeau, notre blogorama est plutôt "enseignant" d'ailleurs, ce serait intéressant d'en connaître la raison, tiens ?

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  5. Ouf !!
    Tu t'es superbement bien ressaisi !!

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    1. Superbement est peut être un tout petit peu fort, mais je me suis bien ressaisi, certes.

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  6. 10 ans que je suis à la retraite et je rêve encore du travail. Ce sont surtout de mes collègues que je revois dans mes rêves, je surprends mon entourage quand je dis ça..
    J'ai aimé mon job et surtout être en contact avec les enfants de l'institution. J'ai gardé de très bons souvenirs.

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    1. Tant mieux pour toi Brigou, tu m'en vois ravi sincèrement maintenant, je sais également qu'il est très difficile lorsque la matière première d'un emploi est de travailler directement l'individu (enseignement/médical/sociétal) de reconnaître à soi-même qu'on s'emmerde dans son emploi et/ou qu'on le fait mal et pourtant forcément, tout le monde dans ce cas ne le fait pas bien et/ou ne s'épanouit pas. Sinon ça se saurait.

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  7. Peut-être que je rêverais de mon boulot quand je serai à la retraite. En attendant, je redouble assez souvent ma classe de première, en rêve... (Tout en étant adulte, dans ces rêves étranges.)

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    1. Alors que, dans ta période étudiante jamais tu n'as re-doublé une classe, n'est-ce pas Bismarck ?
      Mwouais, les rêves, les cauchemars c'est vraiment très étrange et en ce qui me concerne je ne m'en souviens que très rarement.

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    2. Si, j'ai redoublé ma khâgne (mais seul·es les meilleur·es y étaient autorisé·es). Et de ce fait, j'ai dû redoubler en partie ma licence, parce que je n'ai pas pu obtenir toutes les équivalences. Mais on est d'accord, c'est un parcours quasiment sans faute.

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  8. j'adore mon métier , qui est gratifiant, riche en contacts humains , on me dit souvent merci et mes rapports avec mes collègues sont riches et précieux . Le bilan est plus que positif a 5 ans de la retraite, apres des études difficiles , exigeantes, mais passionnantes. Il a évolué, est devenu moins difficile physiquement, mais plus parasité par les tracasseries administratives et les difficultés d'acce aux soins Il va disparaitre, n'étant plus attractif, rongé par le pouvoir de la finance...et malmené par les changements sociaux. Mais je crois donc, a lire tous les commentaires , que je suis une rareté
    ps : je suis medecin généraliste tres tres rural

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    1. Bonjour sofia et merci beaucoup d'avoir pris le temps de gratifier ce délicat blog d'un beau commentaire positif et circonstancié.
      Vous les "médicaux" de tous grades soyez bénis encore un chouia plus que les pompiers/les gardiens de prison/les gendarmes et les authentiques dépanneurs, ne sortez pas sans une petite laine et gaffe sur la route !
      Je lis qu'en plus d'être médecin tu es très très rurale... gloire à toi et je ne déconne pas.

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  9. J'ai aimé travailler, vraiment, et tous le monde autour de moi était persuadé que je vivrai très mal la retraire, mais alors pas du tout du tout, je suis très heureuse chaque jour. Et pour l'instant je n'ai rêvé qu'une fois du boulot, mais j'allais les voir étant à la retraite et ravie de voir que je ne regrettais rien.

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    1. Si je fais une stat' vite fait, on peut s'apercevoir qu'à l'arrache il y a une légère majorité de mes lecteurs qui ont plutôt bien à très bien vécu ou vivent à l'heure actuelle leur activité professionnelle ce qui me réjouit Valérie de Haute Savoie... lectorat équilibré, bien dans sa vie et son métier, c'est plutôt réjouissant.
      (changeant de région as-tu comme projet de changer l'intitulé de ton pseudo, Valérie de Haute Savoie ?)

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  10. Un vrai cauchemar, c'est vrai. Ca m'arrive : parfois, je rêve que je corrige des copies ...

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    1. Terrible... et encore, nous n'étions pas fossoyeurs, attrapeurs de volaille en batterie ou maître-nageurs !!

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  11. Le tour de table ! Et pire encore le tour de table lors des formations avec la question qui tue ''Qu'attendez-vous de cette formation ?" Moi je n'attendais jamais rien, ouverte à toute (de préférence bonne) surprise, mais le dire me faisait passer pour la vilaine salariée non motivée 🙄 Je ne suis pas encore à la retraite mais ça au moins c'est terminé !

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    1. Ah, la motivation en milieu professionnel voilà une chose bien "tarte à la crème" il y aurait des pages à écrire là-dessus façon hypocrisie mon amour...

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