A déconseiller aux pisse-froid...

 Non, je ne vais pas te dire qu'il faut absolument que tu ailles voir le film "La Passion de Dodin-Bouffant" simplement qu'en sortant de la salle de cinéma hier soir nous étions heureux d'avoir vu un film qui nous a plu.

Trân Han Hùng réalise ici un film très esthétique, l'image et les lumières sont magnifiques, à titre personnel je suis admiratif du travail produit par François Waledish l'ingénieur et de son équipe du son... le tchac tchac tchac du tranchant de la lame du couteau sur le billot, assorti au son mat des sautoirs en cuivre avec en arrière plan la délicatesse des bruissements de la nature juste derrière la porte grand'ouverte de la cuisine et piaillements des oiseaux... j'ai adoré, oui parce qu'il n'y a pas de dialogues ou très peu, à minima mais le soupir d'aise d'un cuisiner satisfait de la coloration de sa sauce, le chant de la grosse lichette de beurre qui frissonne dans la sauteuse, le bouillonnement des marmites... le son, magistral dans cette cuisine !

Alors oui c'est vrai il y a les comédiens, Juliette Binoche Benoît Magimel ils sont bons naturellement, mais la vraie vedette ici c'est la cuisine, la cuisine et encore la cuisine !

Nous sommes à la fin du 19 ème siècle dans une belle maison bourgeoise et, dans la cuisine la journée commence par une omelette cuite juste comme il le faut, bien baveuse, mangée à la cuillère c'est meilleur... ensuite, choisir au potager les meilleurs produits allumer les fourneaux, alimenter les feux pour fournir la braise, trancher, couper, hacher faire saisir les viandes et les rôts, préparer les bouillons, clarifier le beurre, farcir la volaille, parer le lard, écailler les poissons... Dodin-Bouffant donne ses directives calmement, les gestes sont précis, sûrs et parfaitement maîtrisés Eugénie l'admire et le respecte tout comme ses aides.

Le temps ne compte pas, l'argent il n'en est pas question nous sommes là dans le travail, la réalisation d'un art et le partage... c'est beau, sensuel* et ce qu'il faut d'animal... la célébration de la double-crème, du gras, des liqueurs et du sucre... j'ai adoré.

- Edit du 17 novembre plutôt en fin d'après-midi :

Le titre de ce billet est en relation avec le fait qu'en rentrant du cinématographe j'ai lu deux ou trois critiques professionnelles du film (je ne regarde pas les avis avant le spectacle oui, je suis un vicieux) les avis pros et je ne citerai pas de nom me désolent (comme souvent) en l'occurence il y en a un qui disait toute sa désolation et son mépris pour un réalisateur qui ose faire le rapprochement entre une poire pochée et la descente de reins du personnage Eugénie (ce n'est qu'un exemple) et ça me navre que l'on intellectualise tout,  et n'importe quoi, le politiquement correct m'est de plus en plus insupportable bref, "ils" m'emmerdent les pisse-froid de tout bord !

Je devais cette réponse à  Madame Chapeau qui faisait allusion à mon titre de billet dans autre délicat blog.

*la scène de la poire pochée  "belle Eugénie" est... émouvante.