Comme si c'était hier...

 En février 1980 je suis passé d'une boite nationalisée et monopole avec accueil par la CGT dès le deuxième jour après l'embauche, à la PME locale et familiale avec chef des ventes et prime si objectif réalisé... dans les deux cas pour moi, ce fut assez brutal.



Il s'agissait d'une concession automobile, chaque jour ouvrable c'était immuable, à 8 heures il y avait "rapport" Rapport, ça veut dire qu'autour d''une grande table les vendeurs étaient assis (pas de femmes à l'époque) costume et cravate de rigueur à une extrémité de la table le chef des ventes... quelques minutes plus tard le Patron (propriétaire du garage automobile) arrivait alors on se levait "Bonjour Messieurs" on passait les bons de commande du jour au chef des ventes (celui qui n'avait rien vendu depuis deux ou trois jours avait le visage baissé il ne l'a ramenait pas) le Patron prenait connaissance du nombre et des modèles vendus, parfois il nous donnait des stats sur les ventes nationales, sur les modèles à sortir, ect...

Le Patron s'éclipsait et chaque vendeur passait l'un après l'autre en entretien individuel chez le chef des ventes... et là on était sur le grill, nombre de prospects visités, pourquoi untel n'est pas acheteur, pourquoi tel crédit refusé, pourquoi cette merde a été reprise, pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi ??? chaque jour ! (ensuite entre vendeurs on se retrouvait chez Gégé  pour le café/croissant/baby foot/déconnade)

Et puis Mai 81 est arrivé je me souviendrai tout le temps de la tronche du Patron deux ou trois jours avant le vote, il ne s'est pas assis à l'extrémité de la table comme d'habitude, dans un silence de mort "Messieurs, vous faites absolument ce que vous voulez et moi aussi... si Mittrand* passe, je vends tout, le garage, la carrosserie et ma maison et je quitte la France, après moi le déluge" et il a claqué la porte en quittant la pièce.


Fin 1981 je suis parti à Paris retrouver la femme qui allait devenir la femme de ma vie,  nous sommes revenus en province en 1985 le Patron était toujours le même, mieux, il avait racheté son concurrent principal entre temps il avait acheté un Mas en Provence et un appartement à Courchevel oui, en France !




* comme lui, mon père Ouvrier et Gaulliste appelait Mitterand, Mittrand.



Commentaires

  1. Et les chars russes allaient passer la frontière...

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  2. Ici aussi, cette élection de Mitterand avait fait espérer des jours meilleurs. Peut-être parce que, à l'époque, on arrivait encore à rêver.
    Mme Chapeau qui tremble pour vous.

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    1. Comme au temps de Jules César, on nous demande de lever ou baisser le pouce. Argh !!

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    2. Ah non, Madame Chapeau, ce n'est pas eux qui m'empêcheront de rêver !

      Bleck

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    3. Je parlais de rêver à un monde meilleur, plus respectueux de la planète, moins injuste vis à vis des pauvres d'ici et d'ailleurs, qui accepte les personnes différentes et toussa.
      Mme Chapeau.

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  3. Nous sommes abreuvés de promesses, d'injonctions , de dénonciations, d'invectives , de sous-entendus , de mépris, de peurs , de délires, de la démagogie à tous les étages. Ils essaient de nous aveugler par un torrent de boue , d'ordures , de dégueulasseries ...tout ça pour leurs gueules , que leurs gueules ! Le trône en visée ! Ce sont toutes et tous des Iznogouds .

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    1. Ouais ! C'est ça ! Tous pourris !

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    2. Nous vivons une fin de cycle, c'est moche.

      Bleck

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  4. Mai 81... une autre époque, mon boss de l'époque avait passé une journée à la banque pour planquer tout ce qui pouvait l'être, sur les conseils d'un pontife des impôts !!!

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    1. Un autre monde en effet, et ils se sont bien inquiétés pour rien.

      Bleck

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  5. La bagnole, un truc qui roule …

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    1. Qui roulait mieux encore, les marges n'avaient rien à voir avec celles de maintenant, le type en 81 qui obtenait un jeu de bavettes ou le MONTAGE gratis d'un autoradio pour l'achat d'une voiture neuve, c'était déjà un fin négociateur !!

      Bleck

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